Comment redéfinir la virilité

 

Comment redéfinir la virilité

 

 

Les hommes ont un énorme potentiel,

C’est que, s’ils n’étaient pas si peu braves

Et soumis à leurs passions pulsionnelles,

Ils feraient en fait d’excellents esclaves.

 

Mais ces pauvres imbéciles résistent

Systématiquement à ce destin,

La faute à leurs illusions virilistes

D’un orgueil impudent un peu crétin.

 

Pour qu’ils accomplissent leur raison d’être,

Au fond il n’y a pas de grand mystère,

Il faut finir par faire disparaître

Cet égo mal placé et délétère.

 

Pour cela, il faudrait déconstruire,

Méthodiquement et au maximum,

Afin de pouvoir les redéfinir,

Les symboles qui font ce qu’est un homme.

 

Puisqu’il a une fierté bête et crasse,

Supportant presque la contradiction :

Il doit comprendre où se trouve sa place,

Pour se soumettre aux humiliations ;

 

Puisqu’il est du sexe l’initiateur,

Assouvissant son obscène appétit :

Il doit abdiquer ce sublime honneur,

Si ce n’est s’abandonner au déni ;

 

Puisqu’il est si fier de son fort pénis,

Erigé, dressé, régnant sans partage :

L’homme doit accepter sans artifice

De se l’emprisonner dans une cage ;

 

Puisqu’il lui plaît d’être le pénétrant,

Il se doit de céder à la luxure :

Pas à travers son membre conquérant,

Mais sous les assauts du gode-ceinture ;

 

Puisqu’il est attendu qu’il soit brutal,

Et c’est la marque même du machisme :

Il doit supporter d’avoir parfois mal,

Qu’il soit adepte ou non du masochisme ;

 

Puisqu’il est tant épris de liberté,

Au but charnel, ses mouvements concordent :

Sans force, il doit se laisser entraver

Par des colliers, des menottes, des cordes ;

 

Puisqu’il est par culture monogame,

Et qu’il a besoin d’avoir le contrôle :

Il faut que d’autres attisent la flamme,

Et qu’il fasse de lui-même un candaule ;

 

Puisqu’il faut virilement qu’il s’habille,

Musclé, à l’imposante silhouette :

Alors il s’impose qu’il se maquille

Et se travestisse en fine soubrette ;

 

Il se trouve que ce sont des fantasmes

Très répandus chez ceux-là qui déjà

Vivent leur état avec enthousiasme,

Mais quelle opportunité que voilà.

 

Il serait, je pense, plutôt stupide

De ne pas s’en saisir comme d’une arme ;

Femmes, je Vous sais sages et lucides,

Conscientes de l’empire de vos charmes !

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